Hygiène hospitalière au Burkina Faso : quels défis en 2025 ?

Au Burkina Faso, de nombreux patients développent encore une infection associée aux soins durant leur séjour hospitalier. Cette réalité alarmante persiste malgré les progrès réalisés ces dernières années. Alors que nous sommes en 2025, notre système de santé fait toujours face à des défis multiples : résistance antimicrobienne croissante, infrastructures vieillissantes, contraintes budgétaires et émergence de nouvelles pathologies.
La question n’est plus de savoir si nous devons agir, mais comment transformer rapidement nos pratiques pour garantir la sécurité des patients et des soignants. Quels sont donc les obstacles majeurs à surmonter ? Et surtout, quelles solutions concrètes peuvent être déployées dès maintenant ?
La résistance aux antimicrobiens : une menace grandissante
La montée en puissance des bactéries multirésistantes représente aujourd’hui l’un des défis les plus préoccupants pour le système de santé burkinabè. Cette situation n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte d’un cercle vicieux dans lequel l’usage excessif et inapproprié des antibiotiques se combine avec des pratiques d’hygiène hospitalière insuffisantes. Chaque manquement aux protocoles d’hygiène favorise la propagation de ces agents pathogènes redoutables.
À Bobo-Dioulasso, le Dr. Salifou Diallo, infectiologue, observe avec inquiétude cette évolution : “Nous voyons désormais des infections qui ne répondent à presque aucun des antibiotiques disponibles localement. Il y a dix ans, ces cas étaient exceptionnels. Aujourd’hui, ils deviennent presque banals dans certains services.”
Les conséquences sont dramatiques : allongement des durées d’hospitalisation, augmentation de la mortalité, explosion des coûts de prise en charge. Un patient infecté par une bactérie multirésistante voit sa durée de séjour hospitalier multipliée par trois en moyenne, et les coûts de traitement par cinq.
Face à la menace, l’approche doit être globale. Elle passe d’abord par une révision des protocoles de dépistage des patients à risque dès leur admission. Mais, la mise en place de programmes de gestion des antibiotiques (stewardship) constitue également une réponse indispensable. Ces programmes visent à optimiser l’usage des antibiotiques en limitant leur prescription aux situations où ils sont vraiment nécessaires et en privilégiant les molécules à spectre étroit lorsque c’est possible.
Enfin, le renforcement des mesures d’hygiène de base reste le pilier central de la lutte contre la résistance antimicrobienne. L’observance stricte des précautions standard doit devenir une seconde nature pour chaque professionnel de santé, quels que soient le patient et le soin dispensé.
Les défis liés aux infrastructures et aux ressources
L’état des infrastructures sanitaires burkinabè demeure un obstacle majeur à l’amélioration de l’hygiène hospitalière. En effet, la majorité des établissements de santé du pays n’ont pas été conçus selon les normes actuelles en matière de prévention des infections.
Alors, au nombre des problèmes récurrents, on note :
- L’insuffisance des points d’eau et des installations sanitaires
- L’absence de systèmes de ventilation adéquats
- Le manque d’espaces dédiés à l’isolement des patients contagieux
- L’inexistence ou la vétusté des systèmes de traitement des déchets biomédicaux
- Des circuits patients et professionnels mal définis favorisant les contaminations croisées
Par ailleurs, la rénovation ou la reconstruction des établissements existants représente un investissement colossal que le budget national de la santé peine à absorber. Face à une telle réalité, des approches pragmatiques et innovantes doivent être privilégiées.
Il est par exemple possible de mettre l’accent sur la maintenance préventive des installations existantes contribue afin d’optimiser leur fonctionnement. Un programme de maintenance régulière des réseaux d’eau a ainsi permis de réduire de 40 % les épisodes de rupture d’approvisionnement dans les établissements pilotes.
Enfin, l’adoption de technologies adaptées au contexte local offre des perspectives prometteuses.
Les solutions de désinfection autonomes ne nécessitant pas d’eau courante, comme la désinfection par voie aérienne, représentent une alternative pertinente pour les structures confrontées à des problèmes récurrents d’approvisionnement en eau.
Le défi humain : formation, adhésion et leadership
La dimension humaine constitue sans doute le défi le plus complexe à relever en matière d’hygiène hospitalière. Malgré les avancées technologiques et l’amélioration des infrastructures, c’est bien le facteur humain qui détermine, en définitive, la qualité des pratiques.
Le manque de personnel qualifié en hygiène hospitalière
Le manque de personnel qualifié en hygiène hospitalière reste criant dans la plupart des établissements burkinabè. Effet domino, cette pénurie se traduit par une supervision insuffisante des pratiques au quotidien. Sans encadrement adéquat, même les professionnels initialement bien formés finissent souvent par céder à la routine et par négliger certains aspects des protocoles.
Le taux d’adhésion aux procédures d’hygiène des mains illustre parfaitement cette problématique. Une étude menée en 2024 dans 15 hôpitaux du pays a révélé un taux d’observance moyen de seulement 42 %, avec des variations importantes selon les catégories professionnelles et les services.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation :
- La surcharge de travail chronique qui pousse à sacrifier certaines étapes jugées moins prioritaires
- L’insuffisance de formation continue pour actualiser les connaissances et maintenir la vigilance
- Le manque d’exemplarité de certains leaders d’opinion, notamment parmi le corps médical
- L’absence de reconnaissance et de valorisation des bonnes pratiques
- La persistance de croyances erronées sur les risques infectieux et les moyens de prévention
Une approche multidimensionnelle, comme solution
Pour surmonter ces obstacles, une approche multidimensionnelle s’impose. La formation constitue bien sûr un levier essentiel, mais elle doit être repensée pour maximiser son impact.
Les méthodes pédagogiques traditionnelles, basées sur la transmission verticale des savoirs, montrent leurs limites quand il s’agit de modifier durablement les comportements. Pendant ce temps, des approches innovantes, comme l’apprentissage par simulation ou le compagnonnage structuré, produisent des résultats bien plus probants.
Au même moment, le leadership constitue un autre facteur déterminant. L’engagement visible et constant des dirigeants d’établissement et des chefs de service envoie un signal fort sur l’importance accordée à l’hygiène hospitalière. Lorsque le directeur de l’hôpital ou le chef de service participe aux audits d’hygiène et valorise publiquement les bonnes pratiques, l’impact sur les équipes est immédiat.
Ressources et équipements : entre pénurie et gestion sous-optimale
L’accès aux ressources matérielles nécessaires à une bonne hygiène hospitalière demeure problématique dans de nombreux établissements de santé burkinabè. La disponibilité et la qualité des équipements et consommables conditionnent directement la possibilité même d’appliquer les protocoles recommandés.
Hélas, la réalité est telle qu’il y a des déficiences considérables à ce niveau-là. Lesquelles déficiences s’expliquent par plusieurs facteurs concomitants. Les contraintes budgétaires figurent évidemment en première ligne, avec des allocations insuffisantes pour couvrir l’ensemble des besoins.
Mais au-delà des aspects purement financiers, des problèmes organisationnels compromettent souvent l’utilisation optimale des ressources disponibles.
La gestion des stocks
La gestion des stocks, par exemple, présente des lacunes importantes dans de nombreux établissements. L’absence de système de suivi fiable entraîne tantôt des ruptures, tantôt des surstocks et des péremptions coûteuses.
La qualité des produits acquis
Face aux contraintes budgétaires, la tentation est grande de privilégier les offres les moins chères, sans qu’il n’y ait une vérification rigoureuse de la conformité aux normes. Or, des produits de qualité insuffisante peuvent non seulement s’avérer inefficaces, mais aussi créer un faux sentiment de sécurité plus dangereux encore que l’absence de mesure.
Pour surmonter ces obstacles, plusieurs pistes se dessinent :
L’adoption d’une approche centrée sur la notion de “norme” plutôt que sur celle de “marque” permet d’optimiser le rapport qualité-prix des acquisitions. C’est précisément la philosophie défendue par Hilcom Trading Company, qui propose des produits sélectionnés sur des critères objectifs de performance plutôt que sur leur notoriété commerciale.
Découvrez dès maintenant le lexique des normes.
La mutualisation des achats entre plusieurs établissements affiche en outre des perspectives intéressantes. Le groupement d’achat mis en place par cinq hôpitaux de la région du Centre-Ouest a ainsi permis de réduire de 22 % le coût d’acquisition des consommables d’hygiène tout en garantissant une qualité constante.
De même, l’optimisation des systèmes de gestion des stocks grâce aux outils numériques simples, mais efficaces, constitue une autre voie d’amélioration.
Vers une approche intégrée et durable
L’hygiène hospitalière au Burkina Faso en 2025 se trouve à la croisée des chemins. Les défis sont nombreux et complexes, mais les solutions existent. L’expérience accumulée ces dernières années, notamment à travers la crise de la COVID-19, a démontré que des progrès significatifs sont possibles même dans un contexte de ressources limitées.
La clé du succès réside dans une approche intégrée qui articule harmonieusement les dimensions techniques, humaines et organisationnelles. L’hygiène hospitalière ne peut plus être considérée comme une préoccupation périphérique, mais doit être placée au cœur de la stratégie de qualité et de sécurité des soins.
Les établissements qui ont adopté cette vision holistique montrent déjà des résultats encourageants. Mais, pour généraliser ces succès, un changement de paradigme s’impose. L’hygiène hospitalière doit être perçue non plus comme un coût, mais comme un investissement rentable. Chaque franc CFA investi dans la prévention permet d’économiser jusqu’à sept francs CFA en coûts de traitement des infections évitables.
Hilcom Trading Company s’engage à accompagner les établissements de santé burkinabè dans cette transformation.
Notre expertise technique ainsi que notre connaissance du contexte local nous permettent de proposer des solutions durables.